Tes parents t’ont mis à la porte. Doivent-ils quand même t’aider ? Tes parents sont séparés, doivent-ils encore tous les deux subvenir à tes besoins ? Si tu décides d’aller vivre ailleurs, tes parents doivent-ils toujours te prendre en charge financièrement ? Quand s’arrête l’obligation alimentaire des parents ? Quelle différence y a-t-il entre une contribution alimentaire et une pension alimentaire?
Les obligations alimentaires
Lorsqu’une personne est dans un état de besoin, c’est-à-dire qu’elle n’a pas les ressources suffisantes pour vivre dignement, les membres de sa famille ont l’obligation de lui fournir une aide financière ou matérielle.
Cette obligation alimentaire s’organise différemment selon le type de lien familial qui unit la personne dans le besoin et la ou les personnes qui l’aident. Voici les trois scenarios possibles :
- Les parents envers leurs enfants en formation sont redevables d’une contribution alimentaire ;
- Les ex-époux entre eux sont redevables d’une pension alimentaire ;
- Les autres membres d’une même famille sont tenus entre eux par une obligation générale de secours.
La contribution alimentaire et l’obligation générale de secours seront expliquées ci-dessous.
A. La contribution alimentaire (= aide des parents à l’égard de leurs enfants)
Tes parents doivent veiller à ton hébergement, ton entretien, ta santé, ta surveillance, ton éducation, ta formation et ton épanouissement. Cette obligation existe en tout cas jusqu’à tes 18 ans et peuvent être prolongées jusqu’à la fin de ta formation ou jusqu’à ce que tu deviennes autonome financièrement et que tu puisses subvenir à tes besoins grâce à un salaire, à une allocation de remplacement, au revenu d’intégration sociale du CPAS ou à une allocation d’attente du chômage par exemple.
Concrètement, pour respecter cette obligation, tes parents ont deux possibilités :
- Exécution en nature : tes parents t’hébergent chez eux, te nourrissent et participent à ton éducation ;
- Exécution en versant une somme d’argent. Pour cela, il existe plusieurs hypothèses :
- Tu vis encore chez tes parents, ou l’un d’eux, et ils sont séparés.
Il est alors possible que le parent chez qui tu vis le moins, ou celui qui a les revenus les plus élevés, paie une contribution alimentaire à l’autre parent.
Tes parents doivent se mettre d’accord sur le montant de la somme ou, s’ils n’y parviennent pas, ils doivent introduire une procédure au Tribunal de la famille pour qu’un ou une juge fixe les modalités de paiement. - Tu ne vis plus chez tes parents.
Si tes parents sont d’accord que tu vives ailleurs, vous pouvez convenir ensemble d’une somme d’argent mensuelle qui te permet de satisfaire à tes besoins.
- Tu vis encore chez tes parents, ou l’un d’eux, et ils sont séparés.
Si tes parents ne sont pas d’accord que tu vives ailleurs et s’ils refusent de te verser une somme d’argent, tu as trois possibilités :
1. Soit leur proposer d’entamer une médiation familiale.
Le médiateur ou la médiatrice vous aidera à dialoguer et à trouver ensemble une solution. La médiation se fait toujours sur base volontaire. Si vous arrivez à un accord via la médiation, vous pouvez le soumettre au Tribunal de la famille pour qu’il l’homologue, c’est-à-dire pour qu’il approuve l’accord et lui donne la même valeur qu’un jugement. Pour trouver un médiateur ou une médiatrice proche de chez toi, tu peux consulter la liste des médiateurs agréés sur le site de la Commission Fédérale de Médiation.
2. Soit introduire une procédure au Tribunal de la famille.
Si le dialogue avec tes parents n’est pas possible, tu peux t’adresser au greffe du Tribunal de la famille de ton domicile pour obtenir un modèle de requête adapté à ta demande. Tu peux également demander l’aide d’un avocat ou d’une avocate qui pourra intervenir dans le cadre de l’aide juridique gratuite si tu as moins de 18 ans ou si tu as peu de ressources. Pour trouver un avocat ou une avocate, tu peux te rendre au bureau d’aide juridique le plus proche de chez toi.
Si en cours de procédure aucun accord ne se dégage, c’est le ou la juge qui décidera d’imposer ou non à tes parents le paiement d’une contribution alimentaire. Pour déterminer le montant de la contribution alimentaire, le Tribunal se base sur les éléments suivants :
- l’existence de circonstances particulières qui justifient ton départ du domicile (conflit familial important, pas de chambre propre pour étudier, etc.);
- les facultés financières de tes parents, c’est-à-dire l’ensemble des revenus nets (salaire, loyers, revenus d’actions,…), des allocations de chômage ou de remplacement, des indemnités de la mutuelle, des avantages toute nature (voiture de société, chèque-repas, épargne-pension, etc.), du pécule de vacances, des primes de fin d’année, … ;
- la fréquence à laquelle chacun de tes parents t’héberge ;
- le montant de tes allocations familiales ;
- ton budget.
3. Soit t’adresser au CPAS pour demander une aide financière, même si tu n’as pas 18 ans.
Le CPAS n’intervient que s’il n’existe pas d’autre possibilité d’aide et il va donc commencer par vérifier si tu es en mesure de réclamer une contribution alimentaire à tes parents.
Il ne te demandera néanmoins pas de le faire si tu démontres que ce n’est pas équitable et justifié de te renvoyer vers tes parents, notamment parce qu’ils sont eux-mêmes en état de besoin, parce qu’ils sont aidés par le CPAS, parce qu’ils t’ont mis à la porte et que le conflit entre vous est tel que te renvoyer vers eux va aggraver la situation, ou pour toute autre raison qu’ils estimeront valable.
Si le CPAS te renvoie quand même vers tes parents et que tu es dans un état de besoin, il doit pouvoir t’accorder une aide le temps que tu obtiennes la contribution alimentaire.
Un refus d’aide pur et simple du CPAS n’est pas adéquat.
Par conséquent, en cas de décision de refus de la part du CPAS, tu peux introduire un recours contre cette décision devant le Tribunal du travail. Pour cela, tu peux demander l’aide d’un avocat ou d’une avocate qui pourra intervenir dans le cadre de l’aide juridique gratuite si tu as moins de 18 ans ou si tu as peu de ressources. Pour trouver un avocat ou une avocate, tu peux te rendre au bureau d’aide juridique le plus proche de chez toi.
Quelques situations particulières :
- Ton ou tes beaux-parents ne sont tenus à cette obligation alimentaire envers toi qu’en cas de mariage avec l’un de tes parents.
- Même si ton père ne t’a pas reconnu et que votre lien de parenté n’est pas officiel, il peut être tenu à une obligation alimentaire si le lien biologique entre vous est prouvé.
- Si un de tes parents est déchu de son autorité parentale, ou qu’il n’a aucun contact avec toi, il reste malgré tout soumis à cette obligation. D’ailleurs, l’autorité parentale prend fin le jour de tes 18 ans alors que la contribution alimentaire perdure jusqu’à la fin de ta formation comme expliqué ci-dessus.
- Si tu es mineur ou mineure et que tu introduis une procédure au Tribunal de la famille, le ou la juge devra estimer ta capacité de discernement (c’est-à-dire que tu as conscience des conséquences de tes actes). Si le ou la juge estime que tu n’es pas en mesure d’introduire toi-même une demande en justice, un de tes parents ou ton tuteur ou ta tutrice, devra introduire l’action à ta place. Si ces personnes ne veulent pas le faire, tu peux demander à la Justice de paix de désigner un tuteur ad hoc qui pourra le faire pour toi.
Que faire en cas de non-paiement de la contribution alimentaire?
Si la personne qui te doit une contribution alimentaire ne la paie pas, plusieurs options s’offrent à toi :
- Tu peux proposer d’entamer une médiation familiale (voir ci-dessus) ;
- Tu peux demander au Tribunal de la famille de mettre en place une délégation de sommes. Il s’agit d’une procédure te permettant de percevoir directement la contribution alimentaire que ton parent te doit auprès des personnes qui doivent de l’argent à ton parent (son travail, sa caisse de chômage, sa mutuelle, etc.). Une fois que tu as un jugement définitif, et après deux mois d’impayés, tu peux notifier le jugement au débiteur de revenus de ton parent.
- Tu peux demander à un huissier ou une huissière de justice d’intervenir pour récupérer les contributions alimentaires impayées pendant les 5 dernières années. Les revenus de la personne peuvent être saisis intégralement. Tu dois cependant avancer les frais d’huissier qui te seront remboursés si ton parent est solvable.
- Après 2 mois d’impayés, tu peux déposer plainte à la police pour abandon de famille puisque le non-paiement des contributions alimentaires fixées par le Tribunal de la famille est une infraction pénale. Le Procureur ou la Procureure du Roi sera ensuite libre d’entamer ou non des poursuites.
- Tu peux faire appel au SECAL. Ce service du SPF Finances peut, à certaines conditions, accorder des avances sur des contributions alimentaires et récupérer des contributions alimentaires impayées (pour en savoir plus, voir le site de SECAL).
B. L’obligation générale de secours
L’obligation générale de secours est une obligation d’entraide entre les personnes d’une même famille. Cette obligation existe entre enfant et parent, petit-enfant et grand-parent, gendre ou belle-fille et beau-parent. En revanche, cette obligation de secours n’existe pas entre oncle ou tante et neveu ou nièce, ni entre frère et sœur.
Si tu souhaites réclamer ce soutien alimentaire, tu dois te trouver dans un état de besoin pour des raisons indépendantes de ta volonté. Concrètement, tu dois être incapable de te procurer un montant équivalent au revenu d’intégration sociale.
Il est préférable de régler cette question à l’amiable mais si ce n’est pas possible, il faut introduire la demande au Tribunal de la famille pour que celui-ci décide si tu as droit ou non à une aide financière sur cette base.
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